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5 avril 2006

une histoire ordinaire !

viol1

Viol - Une histoire d'amour

Joyce Carol Oates (Philippe Rey editeur)

Déjà "Les Chutes" roman pour lequel Joyce Carol Oates a eu le Prix Fémina Etranger 2005 était un texte dense, fouillé et dérangeant, mettant l'accent sur des thèmes de la société nord-américaine de province sans complaisance. Cette fois c'est un roman beaucoup plus court, incisif, rapide et dans un style parfois lapidaire, violent à l'instar de "cette tournante" qui en est le sujet. Bien actuelle cette histoire, qui raconte le devenir d'un fait divers dont notre société se repaît. Là encore aucune complaisance, et pourtant la compassion est présente, de même que l'analyse de la médiocrité de la vie quotidienne, des réflexes journalistiques qu'elle engendre, de cette soif inextinguible de sensations dont il est nécessaire qu'elles soient de plus en plus intenses parce que si vite oubliées.

Le style de Oates est bousculé et passe de la narration à l'adresse directe aux personnages ; quelqu'un (ou quelqu'une) retrace cette histoire terrible en la racontant aux protagonistes, et surtout à la petite fille de Tina, la victime ; il s'en suit une implication totale du lecteur.

"Le jour, tu passais parfois à vélo sur ce sentier. Seule ou avec des amis. Des branches de saules pleureurs te frôlaient le visage comme des fouets. Le sentier de brique était inégal, cahoteux. Du coin de l'oeil, tu apercevais la silhouette des clochards affalés contre les bâtiments de service, ou étendus dans l'herbe dans un état apparemment comateux. Le jour, tu ne te sentais pas en danger.

La nuit, le sentier était éclairé. Mais la moitié des ampoules étaient cassées ou avaient grillé."

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