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3 juin 2006

Superbe

clairvoyantes

J'ai découvert Kaye Gibbons lors de la publication en français de "une femme vertueuse". Ce livre est un peu une révélation, comme l'est pour la narratrice, Mary, la personnalité de Maureen.

Son histoire est celle d'une femme de la bourgeoisie américaine à la fin de la première guerre mondiale. Nous sommes en 1918, mais ce n'est pas le plus important pour le quotidien que vit Maureen en cette période où elle attend son premier enfant alors que la grippe espagnole commence à faire des ravages. Surtout, Maureen est aux prises avec la perversité de son mari et nous allons vivre cette fin de grossesse dans la stupeur et l'incompréhension devant tant de manipulation, de méchanceté ; une véritable entreprise d'expropriation de cette femme, savamment orchestrée par son époux dont la seule explication pourrait résider dans le fait que lui même a été la victime de sa propre mère. En parallèle, l'arrivée de Mary va aider à la prise de conscience.

Belle étude de moeurs, pénétrante analyse psychologique dans ce monde qui disparaît à la fin de cette guerre pour qu'arrive une époque où la place des femmes va évoluer, progresser.

L'extrait que je choisis est une des facettes de cette belle histoire qui démontre la violence du racisme, et je le dédie à Anaïs.

" Il hocha la tête, aussi le conduisis-je chez Maureen. Le fait qu'il fût un domestique attaché à la maison Ross rendait sa présence dans la voiture acceptable, mais je voyais qu'il se faisait du souci de ne pas être au volant. Je songeai à quel point cet odieux détail était éloigné de tout ce qu'il avait dû assumer ce jour-là, mais il ne pouvait pas compter sur les gens que nous croisions pour lui accorder la moindre dispense eu égard aux morts dans sa maison. C'était un homme dont les enfants et la soeur étaient morts inutilement, mais ça n'empêcherait personne de dire qu'il était aussi " le nègre qui a laissé cette fille blanche faire le chauffeur pour lui comme si quelque chose lui était dû ". Pour la seconde fois de la journée, je dus dire à un homme responsable et compétent que je le protégerais. Que les deux hommes estiment si sérieusement avoir besoin de moi prouvait le type de pouvoir absurde que conféraient rien que cinq pieds de peau blanche."

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