Vivent les livres

Un nouveau texte d'Alain Rémond, un roman cette fois. Cela fait du bien. Je me souviens de son passage à la librairie, lors de la parution de "chaque jour est un adieu". Ce fut un moment très fort : près de 300 personnes ont défilé tout l'après midi pour faire dédicacer leur exemplaire, qui lui apportant des photos de l'école où ils étaient son condisciple, qui lui parlant de Télérama. Quelques heures d'échanges surréalistes, télescopage province-Paris, émotion.

Dans ce roman-ci, le narrateur se complaît dans le monde des livres et particulièrement dans ceux de son romancier fétiche : Santenac. L'histoire est assez simple, mais traduit bien combien certains textes peuvent être fondateurs pour leurs lecteurs. Qui n'a pas en mémoire un titre, un auteur qui lui a changé la vie, l'éclaire des années encore après la découverte, le conduit à retrouver régulièrement une atmosphère, un univers, une pensée ?

Et puis, pour la libraire que j'essaye d'être, cette déclaration d'amour pour ce métier difficile mais passionnant.

"Aussitôt arrivé aux Buveurs de mots, Pierre a remis son tablier de caviste. Il m'a d'abord fait faire le tour de sa librairie, rayon par rayon, genre par genre.Puis il m'a  montré les tables, avec les nouveautés.

- Le vrai problème d'un libraire, c'est ça : trouver l'équilibre entre les anciens et les nouveaux ! Moi, quand je vois un client qui tourne en rond dans les nouveautés, qui n'arrive pas à se décider, je l'emmène ailleurs, vers ces immenses auteurs qui l'attendent. Vers les grands livres de la littérature qui valent dix fois, cent fois, tant de petites merdes qui sortent en septembre... En même temps, il faut donner leur chance aux nouveaux auteurs. C'est terrible, un livre que personne n'achète, dont personne ne parle, aucun journal, aucune radio, rien, qui va mourir au bout de deux mois, dans un silence total ... Tu imagines, le jeune auteur qui a mis un an, deux ans, à l'écrire, qui y a mis tout son coeur, toutes ses tripes, et voilà, c'est fini. Terminé. Aux oubliettes. Au suivant ! Tu sais combien se vend un livre, en moyenne ? Mille, deux mille exemplaires à tout casser. (...)

Je savourais mon bonheur de me faire expliquer la librairie par un caviste si pointu, si heureux de déambuler au milieu de tous ses trésors, grands crus classés ou petits vins de soif. Sauf que, financièrement, à l'entendre, c'était loin d'être le Pérou.

- Quand on aime, on ne compte pas, paraît-il. Eh bien moi je compte. Bien obligé. Je vais te montrer ma comptabilité, tu vas tout comprendre. Mais, bon, même si ce n'est pas facile tous les jours, ce qui compte plus que les comptes, c'est le plaisir de donner le plaisir de lire ... J'arrête, je dis des conneries !"

Comments

[arthur]

A propos d'Alain Rémond voilà un blog dédié à ses fans:
http://alainremondfanclub.blogspot.com/

[landrellec]

Un nouveau livre d'Alain Rémond ! Chic !!
C'est une bonne nouvelle en cette journée maussade.

[Goelen]

Le passage cité me donne enive de lire le reste!! Je prends note...

[Florinette]

J'ai tellement aimé sa trilogie autobiographique que je compte bien lire son dernier livre, mais avant, il me reste à découvrir "Je marche au bras du temps" !