Nicolas Bouvier

Oh! bien sûr il n'est pas bien gros ce joli livre ! Voilà ce que m'a dit Larkéo, et je comprends, mais aujourd'hui, "foin des bocks et de la limonade " (!), j'avais envie de calme, de poésie, de soleil hivernal qui enjouait la place, et de me promener autrement. Cette jolie chambre rouge pompéien où Nicolas Bouvier s'est réfugié pendant quarante-deux ans au retour de ses pérégrinations m' a comblée. Et l'écriture est si belle. Ce petit opuscule publié chez Métropolis (Belles Lettres) offre une jolie récréation à lire et revivre sans modération.

"Le truc, à la réflexion, s'avère être une dame que j'ai amenée dans ces murs rouges quelques mois plus tôt, après une soirée bruyante et bavarde où, pourtant assis côte à côt, ni elle ni moi n'avions soufflé mot. Une dame sortie tout droit d'un poème de P.J. Toulet. En franchissant le seuil de cette chambre elle m'a dit : "Je vous ai suivi jusqu'ici parce que vous vous déplacez sans faire aucun bruit."

Ce compliment insolite m'a tant flatté que, depuis, je n'ai plus fait craquer une seule lame de parquet. Au Japon d'où je revenais, j'avais appris la vertu du silence, du gris souris, du "couleur de muraille".

(...) Cette visiteuse est partie, revenue, repartie avec la mobilité et la légèreté d'une belette. Je me suis laissé prendre à cette présence absence furtive , aiguë, rapide, à ces jambes nerveuses et fines, à ces petits coups de cafard, gris et fugaces comme un lambeau de brouillard dans un paysage japonais."

Comments

[Valé]

Je note ce titre, les extraits en sont magnifiques !

[gmc]

La visiteuse est absente
Lors des voyages du regard
Qui croit la voir au loin
Entre deux ondées de poussière
Ou deux mouvements de hanches
Dans l'inversion des tableaux
Un paysage absent se dissout
Comme un fond de brouillard
Sur lequel s'imprime en monochrome
La silhouette d'une femme