Lecture en cours
Si tôt arrivé, si tôt je me suis précipitée ! Après "Tout ce que j'aimais" voilà plusieurs années que je guettais le nouveau Siri Hustvedt chez Actes Sud. D'emblée je suis ravie, l'histoire est plus linéaire, mais l'écriture ample, fort bien traduite, emporte. Et les analyses qui se glissent au fil des phrases font mouche : un petit extrait, tellement actuel, pour vous mettre l'eau à la bouche.
"Une crise implique davantage que la rigueur économique, que l'obligation de se débrouiller avec peu de chose. C'est peut-être le moins grave. Les gens qui ont un peu d'orgueil se trouvent accablés par des infortunes qu'ils n'ont pas provoquées ; néanmoins, à cause de cet orgueil, un sentiment d'échec les envahit. Les encaisseurs gagnent leur vie en rabaissant et en humiliant les orgueilleux. C'est leur arme absolue. Les gens de caractère sont réduits à l'impuissance. Si vous êtes impuissants, les discours sur la justice ne sont que du vent. L'argument de consolation, à savoir que tout le monde était dans le "même bateau", n'avait qu'une validité partielle. Les fermiers qui étaient entrés libres de dettes dans la Crise pouvaient, en réalité, augmenter leur avoir en achetant des terrains à bas prix et des machines bradées. Pendant ces années, les fermiers ont prospéré ou dégringolé. Nous avons dégringolé."