Une si grande distance

La couverture de ce charmant petit opus donne le ton : un humour délicat, un décalage séduisant et doucement désenchanté. Véronique Bizot signe ici son premier roman, après deux recueils de nouvelles. Son héros, un scientifique depuis longtemps à la retraite, se retrouve mis à l'honneur pour une découverte qu'il a oublié avoir faite, tellement il s'est détaché de cette période de sa vie. Il voit ainsi son quotidien tranquille, fait de souvenirs et de solitude impavide, profondément bouleversé, sa gouvernante se laissant prendre dans ce tourbillon d'honneurs qui s'annonce et exigeant de lui de réapparaître au monde. Il se laissera bringuebaler au gré de l'impudeur du monde, se tenant cependant de plus en plus en retrait, tel un anthropologue désabusé confronté à l'absurdité du rythme échevelé des vies modernes.

Véronique Bizot nous offre ainsi une possibilité de prendre du recul par rapport aux préoccupations actuelles, sans cesse emplies d'agitation, de besoins inutiles mais impérieux, de course effrenée vers d'étranges activités au regard d'une véritable quête intérieure. Un petit livre doux-amer, à vivre comme un viatique vers plus de sérénité.