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26 octobre 2006

RONDE DE NUIT

RONDE_NUIT

Ronde de nuit

Un titre à la Rembrandt pour une histoire en clair-obscur.

Une belle histoire qui perfore le temps. Le Blitz, les conditions de vie des femmes à Londres pendant la dernière guerre, celle des laissés pour compte aussi, celles des gens ordinaires enfin. La peur, le manque, les privations, l'héroïsme ordinaire aussi de tous les civils qui continuent à travailler et vivre au rythme des nuits dans les abris, des maisons effondrées, du hurlement des sirènes, ambulances, bombes.

Et surtout quatre femmes, deux hommes en contrepoint. Sarah Waters explore leurs personnalités, construit leurs histoires enchassées par petites touches fines, subtiles, nuancées. Les amours décalées de Kay, Julia, Helen, celles plus conventionnelles mais tout aussi difficiles de Vivien, nous emportent, tellement exacerbées par l'urgence de la guerre.

J'ai retrouvé l'humour de Muriel Spark, la délicatesse décalée d'Anita Brookner, la force de Virginia Woolf et découvert la maîtrise d'un récit ample et superbement orchestré.

Il fallait prendre par le nord-ouest pour rejoindre Hugh Street, et c'était un trajet sinistre, les maisons minables au coeur de Pimlico laissant place, avec une régularité effrayante, à des zones dévastées - montagnes de gravats, rangées d'habitations pulvérisées. La DCA faisait toujours son tac-tac-tac ; entre chaque salve, Kay percevait aussi le vrombissement sourd des avions, le sifflement des bombes et des obus. Tout cela n'était finalement pas très différent d'un feu d'artifice pour la nuit de Guy Fawkes, avant la guerre ; mais pas l'odeur ; ce n'était pas là celle, innocente - c'est ainsi que Kay la ressentait à présent - , de la poudre, mais une puanteur vague de caoutchouc brûlé qui émanait des canons, et celle, putride, des obus.

Un léger brouillard planait dans les rues désertes. Au cours des raids, Pimlico prenait un aspect étrange, fantômatique - l'impression d'un lieu jusqu'à présent grouillant de vie, et brusquement, violemment vidé de toute présence, de toute agitation. Et lorsque la canonnade cessait, l'atmosphère se faisait plus étrange encore. Une fois ou deux Kay et Mickey étaient allées marcher le long du fleuve, après leur service. L'endroit était surnaturel : plus tranquille, à sa manière, que la campagne profonde ; la vue sur le fleuve, en direction de Wesminster, n'était faite que de masses irrégulières, tronquées, comme si la guerre avait précipité Londres dans le passé, en faisant un regroupement de villages contigus, chacun se défendant contre des forces inconnues, farouchement, et seul.

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Commentaires
L
et t'es même en lien ! La clââsse !
L
Tu es connue jusqu'en Allemagne où tes conseils sont écoutés ! Ca m'en bouche un coin, tiens !<br /> Regarde là et tu verras que c'est vrai :<br /> http://www.agoradeslivres.com/viewtopic.php?t=2789<br /> Ch'hui grave contente :oD
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