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14 septembre 2006

Enfin des nouvelles

ARDITI

Metin Arditi, chez Actes Sud

J'avais déjà choisi Vittoria Hall pour les poches (babel) du Festival (de poche!) de Hédé, cet été et je viens de me régaler du dernier opus de cet auteur né à Ankara et qui vit à Genève. Chacun des textes que j'ai lus raconte une tranche de vie qui se déroule dans le monde de l'art, soit la musique avec Vittoria Hall et la Pension Marguerite, soit comme dans ce dernier la peinture.

La sensibilité de Metin Arditi qui fait de ses évocations artistiques de grands moments de plaisir et d'émotion, le conduit à échafauder des histoires très humaines, où l'enchevêtrement des désirs, doutes, passions, nous conduit à ressentir autrement certaines situations si fréquentes et pourtant tellement personnelles. Le personnage principal n'est guère sympathique, en proie au refus de l'âge, préoccupé de se construire une image qui ne le relègue pas définitivement hors la vie. Il me rappelle un peu beaucoup le narrateur du "Livre Brisé" de Serge Doubrovski. Peu à peu  son comportement dans toute sa fragilité, le décalage qui s'installe tout lentement conduit au final à l'humain qui nous étonne toujours.

" Depuis que j'avais pris ma retraite, je ne retrouvais plus dans les yeux des femmes l'admiration que m'avaient longuement procurée mes activités de professeur. J'étais alors payé pour parler de beauté et les occasions qui m'étaient offertes de briller étaient nombreuses. Mes classes comptaient autant de jeunes étudiantes que de femmes venues en auditrices libres, parmi lesquelles beaucoup avaient dû apprendre à accueillir l'âge. Les premières partaient à la recherche d'émotions nouvelles, les secondes, pour la plupart désoeuvrées, m'étaient par avance reconnaissantes du semblant de culture que mon enseignement allait leur offrir. Durant les deux heures de mon cours, celles qui souhaitaient me faire part de leur disponibilité s'installaient sur l'unique fauteuil placé face à mon bureau. Sous le couvert de vouloir approfondir tel ou tel point que je venais de traiter, elles se racontaient avec gourmandise, trouvant toujours un lien entre le sujet traité et leur propre vie : "Vous savez, professeur, c'est drôle, imaginez-vous que la semaine passée nous étions à Florence, je m'arrête devant un Raphaël aux Offices, et là",etc. Il me suffisait d'écouter. Peu de femmes résistent à l'intérêt qu'on marque à les écouter longuement. La suite s'enchaînait sans peine."

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Commentaires
S
Thucydide disait : "..."
S
Thucydide disait : "..."
F
salut Hélène,<br /> félicitations pour ce blog de toute beauté !<br /> merci pour ces conseils de lecture si pertinents<br /> que la force littéraire soit toujours avec toi...
M
bonjour libraire de Combourg, ici libraire de paris, celle qui est passée cet été en juillet, par hasard, un jour où la télévision locale s'intéressait aux librairies indépendantes...<br /> je n'ai pas lu ce livre de Arditi, mais de libraire à libraire, je vous recommande un livre hilarant, Réveillez-vous monsieur, chez Losfeld.l'auteur est inconnu en france, mais ce livre est un remède à la morosité!autre livre, étrange et surprenant, un premier roman chez buchet-chastel:le théâtre des rêves.un personnage un peu décalé va être le jouet d'évènements bizarres et drôlatiques (en particulier la scène chez le marabout).je vous laisse découvrir.<br /> à bientôt!
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