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28 septembre 2006

Quels anges parmi nous ?

NOOTEBOOM

J'ai découvert Cees Nooteboom avec "Le jour des morts", superbe roman publié chez Actes Sud, dont l'écriture était dense, écartelée et pourtant fluide, où les personnages apportaient un regard intense sur la société allemande, néerlandaise et espagnole. Tout un parcours dans une Europe différente, tout un regard sur le monde de la photographie, un texte qui mêlait l'Histoire, la Politique et l'intime.

"Perdu le paradis" est plus étrange encore, en apparence décousu dans sa construction, des évènements se télescopent, se perdent, se retrouvent mais autrement. Une femme en est le personnage principal et son histoire la conduit d'Amérique Latine au rêve de l' Australie où la rejoint un européen, hollandais, et le paradis perdu de chacun les emmènera jusqu'en Allemagne. Difficile à raconter, un peu ardu à lire sauf à s'abandonner à la poésie des phrases, la beauté des paysages, l'humanité des personnages. Si l'on s'accorde ce moment de voyage pleinement, on goûte alors à une sorte d'envoûtement.

" C'est comme si je tombais hors du monde, il n'y a pas de mots pour le dire, on est comme entraîné par la mer, on ne peut pas résister et à vrai dire on n'en a pas non plus la volonté, on veut disparaître pour de bon, on veut se fondre dans les ténèbres qui vous menacent, on veut aller au-devant de la peur et s'y abandonner, et en même temps on a des vertiges, on hait ce corps en proie aux vertiges, on voudrait s'en débarrasser, le perdre, on voudrait que la pensée s'arrête. C'est un mélange de fureur, de jouissance et de mélancolie, quand c'est passé il ne reste qu'une terrible acuité, une clarté blanche et électrique où je sais que je ne veux pas entrer, parce que tout y est recouvert de haine, les plantes, les choses, le chemin que je prenais chaque jour pour aller à l'école ; jusqu'au moment où cette tempête s'apaise à son tour, laissant derrière elle un calme voluptueux, qui me réconcilie avec toutes choses, mais en même temps je sais que tout le réel est mince comme une membrane, transparent, illusoire, que je ne m'accoutumerai jamais vraiment au monde parce que je suis au monde sans y être et que je dois concilier ces deux choses totalement contradictoires."

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