Si belles mathématiques
Je n'avais jamais lu les romans de Denis Guedj. Celui-ci est une découverte, un coup de coeur. Les mathématiques m'ont longtemps fait souffrir, bien que j'aie suivi des études scientifiques. Aurais-je eu un professeur de l'envergure et l'humanité de ce "Hans Singer", j'en eusse sans doute mieux apprécié les beautés.
Ce roman se base sur une libre adaptation de la vie du grand mathématicien, Georg Cantor, père de la Théorie des Ensembles. Le professeur du livre, Hans Singer, subit depuis de nombreuses années des crises qui le conduisent cette fois encore, à la fin de sa vie,à l'hôpital psychiatrique où il se retrouve en 1917 dans une chambre en compagnie d'un jeune français, mécanicien de locomotive, que la guerre et les combats de tranchée ont conduit au bord de la folie. L'improbable amitié qui se construit entre ces deux pensionnaires est un moment merveilleux d'humanité, de respect, d'analyse des grandes tthéories qui conduisent les hommes à grandir et aussi à se déchirer. Nombre de passages de ce texte pourraient faire l'objet d'extrait à citer. Il faut se laisser porter par cette si belle histoire, qui nous raconte à la fois l'infinie perspective des mathématiques et celle des idées à l'aube de ce XXème siècle où l'union des travailleurs de part et d'autre des frontières auraient bien pu empêcher la boucherie, n'était le geste assassin de ce Villain qui tua Jaurès. Promenez-vous donc dans le parc de cet hôpital allemand, en marge du conflit, au seul rythme des conversations qui nourrissent la vie entre parenthèses de ces deux hommes aux prises avec les affres de la souffrance mentale. Vous ne le regretterez pas.