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22 mai 2008

RENCONTRE, ô Rencontre

Elle est passée ce jour m'apporter son livre de poésie, publié chez un collègue à elle, éditeur : Folle Avoine. Jour faste que ce jeudi, qui me fait recevoir en cadeau ce recueil intitulé "Les Eaux noires" de Mérédith Le Dez, tout frais sorti de la presse dans son bel habit blanc ivoire avec ses écritures noires à suivre du doigt sur le velours du papier. Alors pour partager avec vous, dans la primeur de la publication, un poème.

Toute sécheresse une soif douloureuse

Une faim de je ne sais quoi

J'avais pour pitance l'espoir des mots

L'amplitude du verbe la rondeur à tenir

L'exactitude de la lumière juste

Le soleil de ma soif tangible orange

J'en buvais la coupe croyant tout dire

Croyant tout prendre jusqu'au dernier quartier

De ce qui n'a jamais cessé de fuir malgré l'étreinte

Du poème

J'avais l'enthousiasme féru et sonore

La résonance du coeur la chair étirée

Toute chose un frisson jusqu'à la plus menue

Moindre parcelle du feu de chaque jour

L'outrance fut savoureuse coutume jusque dans l'ennui : douceurs amères !

Maux de mots gargarisés la tête s'emportait en avance sur l'embrasement du corps ...

Demeure la main, la disposition facile prête à la prise

Mais s'économise la parole

Indigente ou pudique

Dans la mise au jour de ses en-deçà.

Merci Mérédith.

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Commentaires
Y
J’ai toujours un peu d’anxiété devant un recueil de poésie : jusqu’où vais-je pouvoir suivre le poète ? Vais-je pouvoir aller en moi aussi profond qu’il est allé en lui ? <br /> Alors en coupant les pages, je grappille d’abord rapidement quelques vers par-ci par-là dans Les Eaux noires. Me voilà rassuré et impatient : cette poésie-là n’est pas obscure, elle est profonde. <br /> Je prends alors le recueil, dans l’ordre, en suivant le courant, comme on descend une rivière. L’écriture, filet de voix, fil de l’eau, mène à des coins de campagne, familiers, en saison morte. Pas tout à fait morte(1) d’ailleurs, car dans ces paysages, malgré les sortilèges, quelque chose toujours veille, résiste au gris, à la pesanteur, à l’horizontalité : rousseur poignante des chênes qui brûlent, flamme ancienne, lumière d’algue blonde d’une abbaye ou flèche de cathédrale.<br /> Quelque chose ? Quoi ? <br /> Le Germe aigu de la conscience pour nous-autres fantômes mutilés ? <br /> Ou le bonheur fragile du corps à corps (âme-à-âme ) des amants aussi, jaillissement, feu dru, explosion verticale ? <br /> Ou encore travail de l’écriture évidemment : Les mots les mots droites images brûlent /Gigantesques et barbares et fleuris/(…) submergent l’eau morte et fatiguée des litanies. <br /> Car la poésie n’est ni litanies, ni plaintes, ni un autre monde où l’on pourrait trouver consolation (surtout ne rien dire par famine car là n’est pas l’exigence.) La poésie, l’écriture travaille, brasse, fouille la vie, la vraie, belle ou désespérée parfois, terne souvent, pour y trouver des parcelles de lumière. <br /> En relisant ce qui précède, je me demande si, au lieu de parler du livre, je n’ai pas simplement parlé de moi lisant Les eaux noires. Normal finalement : ce qu’a écrit Mérédith Le Dez, c’est de la poésie, vraie, sans artifice. Et les mots des poètes, on les reconnaît à ce qu’ils deviennent nôtres, justement.<br /> <br /> (1)On passe aussi, c’est vrai, par d’autres lieux noirs, d’autres temps, douloureux. Là, pas de lumière, même en germe mais seulement labyrinthe, escalier en spirale, château d’hiver, soupe de cauchemar, eaux et boues noires. Mais il fallait que cela aussi soit dit, traversé, lâché, vomi dans le flot pour aller vers la lumière.)
Y
il y a des jours comme ça<br /> ou l'on croise des ombres blanches illuminés de noir<br /> des jours sans demi-teintes<br /> des jours francs
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