De tout coeur !
Ce coeur cousu est une MERVEILLE. Voilà, c'est dit. Ce premier roman (et cela déjà est une merveille en soi !) a été publié il y a plus d'un an : janvier 2007. Comment ai-je pu laisser passer une telle écriture, une si belle histoire, des histoires même ? Enfin, c'est fait, j'ai lu (grâce à Monique, incomparable libraire de Tréguier), j'ai savouré, et je suis vaincue par tant de talent.
Dithyrambe me direz-vous, mais enfin, de quoi s'agit-il ? Ce livre raconte l'histoire de la mère de Soledad, l'enfant née dans le désert et dont le prénom veut dire solitude, la longue errance de Frasquita qui de sa naissance en Andalousie à sa mort aux limites du Sahara aura vécu le drame que son talent de brodeuse lui a conféré comme le pendant mortifère de trop de différence, de trop de beauté, de trop de grandeur. Frasquita va se marier dans une robe somptueuse qu'elle aura créée toute seule et qui initiera la jalousie, le rejet, l'incompréhension qui seront le sceau de sa vie. Elle mène alors une vie d'enfants et de travail dans un village très très isolé d'Andalousie d'où l'étroitesse d'esprit des habitants et la folie de son mari la conduiront à s'enfuir, avec sa boîte de brodeuse et ses enfants, un autre en attente, cette petite Soledad qui devenue femme raconte toute cette Odyssée.
L'écriture de Carole Martinez a convoqué dans mon esprit celle des plus grands, Miguel Torga, Michel del Castillo, Laurent Gaudé. L'ampleur de la narration, la richesse de l'imaginaire, la vérité du monde qu'elle brode avec ses phrases aux couleurs chatoyantes nous emportent et la fable le dispute au réel, le sortilège nous accapare et c'est immense de se laisser emporter par ce fleuve de couleurs, de vent, de sable, d'histoires, de tissus faits du tout et du rien de la vie. Lisez, lisez, lisez.